La fenêtre s’ouvre violemment ! Un courant d’air chaud pénètre dans la maison et m’enveloppe, portant en ses flancs l’odeur sauvage et musquée de cette terre d’Afrique que j’aime tant.
Il y a quelques jours, monté sur mon méhari, j’accompagnais un groupe le long de l’Oued Drâa.
Une fois de plus, mon ami Sahara avait bien fait les choses nous offrant ce qu’il avait de meilleur : son espace, son silence, sa lumière.
De fait, il avait fait renaître dans cette équipe de citadins occidentaux «l’esprit nomade », cet esprit enfoui en chacun de nous, cet esprit qui sait s’ouvrir à l’autre et à la différence, qui fait voler en éclats les portes des habitudes et laisse rentrer le vent de sable qui lamine et récure les chimères du « Progrès » au confins de chaque âme.
Ils étaient devenus des hommes libres, désentravés des chaînes du Temps, des menottes du Besoin.
Au cours de ce voyage qui nous entraînait aux quatre points cardinaux du vrai Grand Sud marocain, d’Aglou au nord à Laayoune au sud, de Tata à l’est à Tan-Tan à l’ouest, en réaction au vide spatial, nos vies s’étaient remplies des événements simples et riches qui accompagnent une aventure humaine : les repas partagés, la causerie autour du feu, le thé brûlant sous la tente d’un berger, une douche fraîche et bienfaisante dans les sources d’une oasis.
Au coeur du Djebel Bani nous avons mis nos pas dans les traces de Charles de Foucauld, nous enfonçant de plus en plus chaque jour, face à la majesté et la beauté des lieux, dans une ouate spirituelle qui absorbait nos craintes, nos hontes et nos angoisses.
Sur le grand erg qui va de Tan-Tan à Tarfaya, là où les dunes de sable blanc s’accouplent avec le bleu océan, nous avons partagé la passion tranquille des éleveurs de dromadaires de courses et l’exaltation d’une compétition de méharis sur des « camélodromes » de fortune.
Avec humilité et respect le nomade s’installe dans un endroit qu’il saura rendre confortable. Pourquoi avec humilité ? Parce qu’il sait depuis toujours qu’il n’est pas le maître de sa vie, que ce qui l’entoure peut le broyer en un instant ou le protéger et le nourrir indéfiniment.
J’invite tous ceux qui osent ou oseraient un voyage au désert à avoir une démarche identique. Je ne tiens pas à jouer ici le moralisateur, c’est juste un conseil qui permet de bénéficier de toute la générosité et la splendeur de mon puissant ami le Sahara
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire