bienvenue en Terre d'Argany

Voilà plus de 10 ans que je sillone le Sahara et plus je rencontre ses habitants noirs ou magrhebins, et plus je me dis qu'il n'éxiste qu'une humanité et qu'une citoyenneté. 
Alors je vous offre cet espace pour que vous aussi, citoyens du Monde, fassiez part de vos envies, vos joies, vos regrets ou vos coups de gueule, bref , que nous partagions ensemble un moment ou un coin d'humanité.

dimanche 12 avril 2009

NOTE DE VOYAGE




La vague se brise sur le rocher et l'écume explose comme mille éclats de cristal. Au loin, une dune blanche s'offre à l'océan, s'étalant langoureusement contre son flanc, ne cachant rien de ses rondeurs, caressées par les flots. Cap Juby !  lieu étrange ou Saint-Exupery, nomade éternel, prolongea ses voyages aériens dans le rêve et  l'inspiration poétique. Pourquoi étrange ? parce que les réactions sur cet endroit sont toujours vives et profondes : un morceau de terre blanche prenant pied dans une immensité bleue. Une plage déserte où çà et là se répandent les vomissures d'acier qu'un géant liquide a rejeté. Loin ...
Loin de toutes ces petites turpitudes quotidiennes, tous ces "gros problèmes" qui à l'échelle d'une vie ne sont que des broutilles. Loin de tous ces petits esprits égoïstes s'abreuvant aux sources de la mesquinerie, négligeant la Dignité.
Je me souviens alors d'une rencontre. Elle a encore cette arrière goût amer qui fait douter des qualités humaines, au-delà de l'amour, au-delà de l'intelligence.
Le sujet en question pesait toutes choses et tous êtres à l'aulne de son prix, sa fortune ou son apparence. La qualité et le contenu de son discours ne trouvaient pas de place dans le plus bas rayon d'un libre-service "discount" mais il était tellement fier de sa situation, tellement satisfait de l'épaisseur de son portefeuille.
Et pourtant, il ne s'aimait pas : il n'était pas encore suffisamment parfait.
Aujourd'hui, je le sais malade et ruiné.
Le ressac se fait entendre et méticuleusement" les vagues effacent sur le sable les pas...". Au bout de la dune, le jour se laisse dévorer par la nuit dans une explosion de rouge et de violet.
Et je me demande, dans la douceur du crépuscule, si je dois maudire ou pardonner ce bougre d'homme ?