bienvenue en Terre d'Argany

Voilà plus de 10 ans que je sillone le Sahara et plus je rencontre ses habitants noirs ou magrhebins, et plus je me dis qu'il n'éxiste qu'une humanité et qu'une citoyenneté. 
Alors je vous offre cet espace pour que vous aussi, citoyens du Monde, fassiez part de vos envies, vos joies, vos regrets ou vos coups de gueule, bref , que nous partagions ensemble un moment ou un coin d'humanité.

dimanche 29 mars 2009

PROMENADE AU SAHARA




Le matin s'était levé avec un ciel gris sombre teinté çà et là de rose et de fuchsia. Maintenant, il virait au cobalt.
Nous étions quatre à arpenter la Hamada du Drâa et son long plateau sablonneux d'un blanc intense. Pareils à eux même et tout drapés de leur flegme naturel, les dromadaires nous escortaient de leurs pas chaloupés.
L'horizon n'était rien ! Une large ligne blanche coupée d'un bandeau bleu.
Autour de nous dansaient quelques sorcières, ces tourbillons de poussière qui apparaissent subitement et disparaissent en se couchant mollement sur le sol.

Il y avait longtemps que je n'avais pas accompagné un groupe dans cette contrée perdue mais ô combien fascinante. C'est un plongeon total dans l'espace, comme une plongée sous-marine dans un autre "monde du silence". Rien n'arrête l'oeil et le regard se perd dans une immensité de terre et de ciel.
Il y avait longtemps ... mais mes compagnons de voyage étaient de ceux qui voulaient tenter une expérience que seul le désert peut offrir : la rencontre avec soi.
Dans l'effort de la marche, le bienfait d'une gorgée d'eau, la brûlure du soleil,  la douceur du courant d'air dans les palmiers, les cailloux qui agressent les semelles, la causerie du soir au coin d'un feu, le silence de plomb, ton âme se dresse alors devant toi comme un grand miroir qui ne déforme rien, qui ne sait pas mentir.

vendredi 6 mars 2009

MON AMI SAHARA

La fenêtre s’ouvre violemment ! Un courant d’air chaud pénètre dans la maison et m’enveloppe, portant en ses flancs l’odeur sauvage et musquée de cette terre d’Afrique que j’aime tant.
Il y a quelques jours, monté sur mon méhari, j’accompagnais un groupe le long de l’Oued Drâa.
Une fois de plus, mon ami Sahara avait bien fait les choses nous offrant ce qu’il avait de meilleur : son espace, son silence, sa lumière.
De fait, il avait fait renaître dans cette équipe de citadins occidentaux «l’esprit nomade », cet esprit enfoui en chacun de nous, cet esprit qui sait s’ouvrir à l’autre et à la différence, qui fait voler en éclats les portes des habitudes et laisse rentrer le vent de sable qui lamine et récure les chimères du « Progrès » au confins de chaque âme.
Ils étaient devenus des hommes libres, désentravés des chaînes du Temps, des menottes du Besoin.
Au cours de ce voyage qui nous entraînait aux quatre points cardinaux du vrai Grand Sud marocain, d’Aglou au nord à Laayoune au sud, de Tata à l’est à Tan-Tan à l’ouest, en réaction au vide spatial, nos vies s’étaient remplies des événements simples et riches qui accompagnent une aventure humaine : les repas partagés, la causerie autour du feu, le thé brûlant sous la tente d’un berger, une douche fraîche et bienfaisante dans les sources d’une oasis.
Au coeur du Djebel Bani nous avons mis nos pas dans les traces de Charles de Foucauld, nous enfonçant de plus en plus chaque jour, face à la majesté et la beauté des lieux, dans une ouate spirituelle qui absorbait nos craintes, nos hontes et nos angoisses.

Sur le grand erg qui va de Tan-Tan à Tarfaya, là où les dunes de sable blanc s’accouplent avec le bleu océan, nous avons partagé la passion tranquille des éleveurs de dromadaires de courses et l’exaltation d’une compétition de méharis sur des « camélodromes »  de fortune.
Avec humilité et respect le nomade s’installe dans un endroit qu’il saura rendre confortable. Pourquoi avec humilité ? Parce qu’il sait depuis toujours qu’il n’est pas le maître de sa vie, que ce qui l’entoure peut le broyer en un instant ou le protéger et le nourrir indéfiniment.
J’invite tous ceux qui osent ou oseraient un voyage au désert à avoir une démarche identique. Je ne tiens pas à jouer ici le moralisateur, c’est juste un conseil qui permet de bénéficier de toute la générosité et la splendeur de mon puissant ami le Sahara