bienvenue en Terre d'Argany

Voilà plus de 10 ans que je sillone le Sahara et plus je rencontre ses habitants noirs ou magrhebins, et plus je me dis qu'il n'éxiste qu'une humanité et qu'une citoyenneté. 
Alors je vous offre cet espace pour que vous aussi, citoyens du Monde, fassiez part de vos envies, vos joies, vos regrets ou vos coups de gueule, bref , que nous partagions ensemble un moment ou un coin d'humanité.

mardi 10 février 2009

DIALOGUE SAHARIEN

Avant toute chose et en aparté, je tiens à te remercier vivement !  Marie, tu es la première abonnée, à donner de la vie à ce blog, à justifier mon effort. Tout simplement : merci.

Aujourd'hui, je retransmets, avec autoristion, un dialogue que j'ai eu dernièrement avec l'un des participants de mes randonnées qui se nomme Ludovic.

Ce soir là, installés au creux d'une palmeraie, à l'abri du vent dans le cratère d'un volcan éteint,  sous un milliard d'étoiles. Le bivouac est monté. Le feu brille et le silence, vaguement rompu par le "scrontch scrontch" des chameaux pas encore couchés qui se gavent des dattes qui pendent çà et là, nous enveloppe de son grand manteau.

Ludovic : "voilà trois jours que nous marchons et ce soir je suis très éprouvé".
Moi : " le troisième jour est le plus fatigant".
- je ne parle pas de fatigue mais plutôt de sensations.
- c'est à dire ?
- cet après-midi par exemple, à l'approche du canyon je m'amusais à marcher sur l'ombre d'un nuage. Tu sais ? ton pied est à la limite de l'ombre et la lumière !
- ouais je vois ...
- un moment donné, le nuage m'a mollement dépassé. Je n'ai pas pu le rattraper et  j'ai ressenti en moi une certaine colère.
- et alors ?
- je pense à l'instant que je passe ma vie à courir après une ombre, que je ne la rattrape pas et que je ne suis pas furieux pour autant.
- il suffit d'espérer.
- tu ne comprends pas ! Je cours après quoi ?
- comme tout un chacun, après la Vie, après l'Amour mais vers la Mort. Y songes tu parfois ?
- la Mort ? ma Mort ?
- effectivement.
- euh, j'ai pas trop le temps : je gère des fortunes, je brasse des sommes hallucinantes ...
- et ça te rends immortel.
- bien sûr que non mais c'est rarement à l'ordre du jour.
- ben voyons !
- c'est comme hier quand ...
- tu changes de sujet.
- oui ! j'ai plein de trucs là qui doivent sortir !
- vas-y ! hier ...
- quand Tsâa-Tsâa (ndr : le dromadaire) n'a pas voulu prendre la direction de l'Est et nous a fait faire un détour ...
- mouais.
- je t'en ai voulu : des kilomètres en plus à cause de ton manque de fermeté, de tes erreurs de dressage, de ton boniment sur l'instinct de ces bestioles ...
- et alors ?
- ben ... il nous a fait éviter l'orage dans lequel nous allions nous engager ; tous ces nuages noirs venus brutalement d'on ne sait où, qui nous ont entourés et jamais frappés.
- où veux tu en venir ?
- j'ai 43 ans, je suis un trader reconnu dans mon milieu, j'ai 21 ans d'expérience, j'ai vu un orage venir et je suis allé droit dedans ... je suis plus con qu'un chameau !

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